La nuit d'août
Alfred de Musset
La Muse
Depuis que le soleil, dans l'horizon immense,
A franchi le Cancer sur son axe enflammé,
Le bonheur m'a quittée, et j'attends en silence
L'heure où m'appellera mon ami bien-aimé.
Hélas ! depuis longtemps sa demeure est déserte ;
Des beaux jours d'autrefois rien n'y semble vivant.
Seule, je viens encor, de mon voile couverte,
Poser mon front brûlant sur sa porte entr'ouverte,
Comme une veuve en pleurs au tombeau d'un enfant.
Le Poète
Salut à ma fidèle amie !
Salut, ma gloire et mon amour !
La meilleure et la plus chérie
Est celle qu'on trouve au retour.
L'opinion et l'avarice
Viennent un temps de m'emporter.
Salut, ma mère et ma nourrice !
Salut, salut consolatrice !
Ouvre tes bras, je viens chanter.
La Muse
Pourquoi, coeur altéré, coeur lassé d'espérance,
T'enfuis-tu si souvent pour revenir si tard ?
Que t'en vas-tu chercher, sinon quelque hasard ?
Et que rapportes-tu, sinon quelque souffrance ?
Que fais-tu loin de moi, quand j'attends jusqu'au jour ?
Tu suis un pâle éclair dans une nuit profonde.
Il ne te restera de tes plaisirs du monde
Qu'un impuissant mépris pour notre honnête amour.
Ton cabinet d'étude est vide quand j'arrive ;
Tandis qu'à ce balcon, inquiète et pensive,
Je regarde en rêvant les murs de ton jardin,
Tu te livres dans l'ombre à ton mauvais destin.
Quelque fière beauté te retient dans sa chaîne,
Et tu laisses mourir cette pauvre verveine
Dont les derniers rameaux, en des temps plus heureux,
Devaient être arrosés des larmes de tes yeux.
Cette triste verdure est mon vivant symbole ;
Ami, de ton oubli nous mourrons toutes deux,
Et son parfum léger, comme l'oiseau qui vole,
Avec mon souvenir s'enfuira dans les cieux.
Le Poète
Quand j'ai passé par la prairie,
J'ai vu, ce soir, dans le sentier,
Une fleur tremblante et flétrie,
Une pâle fleur d'églantier.
Un bourgeon vert à côté d'elle
Se balançait sur l'arbrisseau ;
Je vis poindre une fleur nouvelle ;
La plus jeune était la plus belle :
L'homme est ainsi, toujours nouveau.
La Muse
Hélas ! toujours un homme, hélas ! toujours des larmes !
Toujours les pieds poudreux et la sueur au front !
Toujours d'affreux combats et de sanglantes armes ;
Le coeur a beau mentir, la blessure est au fond.
Hélas ! par tous pays, toujours la même vie :
Convoiter, regretter, prendre et tendre la main ;
Toujours mêmes acteurs et même comédie,
Et, quoi qu'ait inventé l'humaine hypocrisie,
Rien de vrai là-dessous que le squelette humain.
Hélas ! mon bien-aimé, vous n'êtes plus poète.
Rien ne réveille plus votre lyre muette ;
Vous vous noyez le coeur dans un rêve inconstant ;
Et vous ne savez pas que l'amour de la femme
Change et dissipe en pleurs les trésors de votre âme,
Et que Dieu compte plus les larmes que le sang.
Le Poète
Quand j'ai traversé la vallée,
Un oiseau chantait sur son nid.
Ses petits, sa chère couvée,
Venaient de mourir dans la nuit.
Cependant il chantait l'aurore ;
Ô ma Muse, ne pleurez pas !
À qui perd tout, Dieu reste encore,
Dieu là-haut, l'espoir ici-bas.
La Muse
Et que trouveras-tu, le jour où la misère
Te ramènera seul au paternel foyer ?
Quand tes tremblantes mains essuieront la poussière
De ce pauvre réduit que tu crois oublier,
De quel front viendras-tu, dans ta propre demeure,
Chercher un peu de calme et d'hospitalité ?
Une voix sera là pour crier à toute heure :
Qu'as-tu fait de ta vie et de ta liberté ?
Crois-tu donc qu'on oublie autant qu'on le souhaite ?
Crois-tu qu'en te cherchant tu te retrouveras ?
De ton coeur ou de toi lequel est le poète ?
C'est ton coeur, et ton coeur ne te répondra pas.
L'amour l'aura brisé ; les passions funestes
L'auront rendu de pierre au contact des méchants ;
Tu n'en sentiras plus que d'effroyables restes,
Qui remueront encor, comme ceux des serpents.
Ô ciel ! qui t'aidera ? que ferai-je moi-même,
Quand celui qui peut tout défendra que je t'aime,
Et quand mes ailes d'or, frémissant malgré moi,
M'emporteront à lui pour me sauver de toi ?
Pauvre enfant ! nos amours n'étaient pas menacées,
Quand dans les bois d'Auteuil, perdu dans tes pensées,
Sous les verts marronniers et les peupliers blancs,
Je t'agaçais le soir en détours nonchalants.
Ah ! j'étais jeune alors et nymphe, et les dryades
Entr'ouvraient pour me voir l'écorce des bouleaux,
Et les pleurs qui coulaient durant nos promenades
Tombaient, purs comme l'or, dans le cristal des eaux.
Qu'as-tu fait, mon amant, des jours de ta jeunesse ?
Qui m'a cueilli mon fruit sur mon arbre enchanté ?
Hélas ! ta joue en fleur plaisait à la déesse
Qui porte dans ses mains la force et la santé.
De tes yeux insensés les larmes l'ont pâlie ;
Ainsi que ta beauté, tu perdras ta vertu.
Et moi qui t'aimerai comme une unique amie,
Quand les dieux irrités m'ôteront ton génie,
Si je tombe des cieux, que me répondras-tu ?
Le Poète
Puisque l'oiseau des bois voltige et chante encore
Sur la branche où ses oeufs sont brisés dans le nid ;
Puisque la fleur des champs entr'ouverte à l'aurore,
Voyant sur la pelouse une autre fleur éclore,
S'incline sans murmure et tombe avec la nuit,
Puisqu'au fond des forêts, sous les toits de verdure,
On entend le bois mort craquer dans le sentier,
Et puisqu'en traversant l'immortelle nature,
L'homme n'a su trouver de science qui dure,
Que de marcher toujours et toujours oublier ;
Puisque, jusqu'aux rochers tout se change en poussière ;
Puisque tout meurt ce soir pour revivre demain ;
Puisque c'est un engrais que le meurtre et la guerre ;
Puisque sur une tombe on voit sortir de terre
Le brin d'herbe sacré qui nous donne le pain ;
Ô Muse ! que m'importe ou la mort ou la vie ?
J'aime, et je veux pâlir ; j'aime et je veux souffrir ;
J'aime, et pour un baiser je donne mon génie ;
J'aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie
Ruisseler une source impossible à tarir.
J'aime, et je veux chanter la joie et la paresse,
Ma folle expérience et mes soucis d'un jour,
Et je veux raconter et répéter sans cesse
Qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse,
J'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour.
Dépouille devant tous l'orgueil qui te dévore,
Coeur gonflé d'amertume et qui t'es cru fermé.
Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.
Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.
August Night
Alfred de Musset
Muse
Since the sun in that great horizon
Has crossed the tropic on its flaming axis,
Pleasure has left me and I await in silence
The time when my belovèd will call.
Alas! His abode has long been deserted
And nothing of beauty from days of old seems to live.
Alone, I come again within my covering veil
To rest my fevered brow upon the opened door
Like a widow in tears at the grave of her child.
Poet
Greetings to my faithful friend!
Greetings, my glory and my love!
The best and most cherished
Is to be found upon return.
A time now comes
To sweep conceit and greed away
Greetings my mother and nurse!
Greetings, greetings my consolatrix!
Open your arms; with songs I greet you.
Muse
Why do you, with heart so changed, heart deprived of hope,
Flee so often to return so late?
What do you seek if not misfortune?
And with what do you return if not some burden?
What do you do far from me when I wait until day?
You pursue a flickering spark in deepest night.
Nothing remains of worldly pleasures
But helpless contempt for our honest love.
Your study was empty when I arrived
Whilst on the balcony, worried and thoughtful,
I saw in a dream the walls of your garden
And you delivered to shadows of an unfortunate fate.
Some proud beauty has kept you bound in chains,
And you let this poor laurel die
Whose last branches in more pleasant times,
Had to be watered with tears from your eyes.
This sad green is my living symbol;
But, through your forgetfulness, my friend, we both shall die;
And its faint perfume, like a bird in flight,
Will fly with my memories into the heavens.
Poet
When I passed over the field,
I saw, this evening, on the path,
A trembling and withered flower;
A pale flower of eglantine.
In displays of green buds
From a shrub at its side,
I saw a flower that dawned anew;
The youngest had the greatest beauty.
Such is man, always new.
Muse
Alas! Always man. Alas! Always tears.
Always with dust on foot and perspiring brow!
Always terrible battles and blood soaked arms;
His heart a fair deceiver, the wound too deep;
Alas ! Throughout the land, life is always the same;
Desire and regrets grasp and extend their hand;
Always the same actors and the same play,
And no matter what has invented human hypocrisy,
Nothing of truth lies beneath the human frame.
Alas, my beloved, you are a poet no more.
Nothing will wake again your silent lyre;
You drown your heart in a wavering dream;
And do not know that a woman's love changes
And dissolves in tears the wealth of your soul,
Or that God regards tears more important than blood.
Poet
When I passed through the valley,
A bird sang on her nest.
Her brood, her dear young chicks,
Had met their deaths that night.
Yet, she sang to the sun;
O, my muse, do not weep.
To him, who has lost all, God remains;
God above, hope below.
Muse
And what will you find on the day when misfortune
Draws you back to your family hearth?
When your trembling hands wipe away the dust
From your poor little room that you thought to forget,
With what effrontery will you enter your home
To seek a brief peace and hospitality?
A voice will be there to demand at all hours
What you have done with your life and liberty.
Do you believe that one can forget as much as one wishes?
Do you believe you will find it by searching?
Your heart or you; which is the poet?
It is your heart and your heart will not respond.
Love will have broken; fatal passions
Will turn to stone on contact with evil;
You feel, once more, that the appalling remnants
Stir again as if they were serpents.
O, heaven! Who will aid you? What shall I do myself
When he, who can do all, denies that I love you;
And when my golden wings, quivering in spite of myself,
Carry me to you in order to save you?
Poor child! Our loves were not challenged
When, in the woods of Auteuil, lost in your thoughts,
Beneath green chestnut trees and white poplars,
I taxed you at evening in your nonchalant walks.
Ah ! I was young, then, and nymphs and dryads
Parted for me to see the wood as well as the trees.
And the tears that flowed during our walks
Fell as pure as gold in crystal clear waters.
What have you done, my love, with the days of your youth?
Who has plucked the fruit from my enchanted tree?
Alas! The bloom of your cheek has pleased the goddess
Who bears strength and health in her hands.
Tears from your senseless eyes have paled;
And like your beauty, you will lose your virtue.
And if I, who will love you as her only friend
When angry gods take your genius away,
Were to fall from the skies, what would be your response?
Poet
Since the woodbird still flutters and sings
On the branch with her broken eggs in her nest;
And the flower in the field that opens to dawn,
Seeing another bloom on the lawn,
Shrinks without sound and dies with the night.
Since, in the depths of the forest, beneath the green roofs
One hears on the path the creak of dead wood,
And man, in traversing this immortal nature,
Has not been able to find a science that lasts,
He always walks on and always forgets;
Since, until the rocks all change to dust;
Since everything dies at evening to live, once more, tomorrow
Thus giving life to murder and war;
And one sees on a grave rising from earth
Blades of sacred grass that give us our bread;
O, Muse ! Of what importance is life or death to me?
I love and want to turn pale; I love and I want to suffer;
I love and give my genius for a kiss;
I love and want to feel an endless fountain
Flowing across my withered cheek.
I love and want to sing of joy and indolence,
Of my mad passions and my cares of the day,
And I want to recount and repeat without cease
That after renouncing life with my lover,
I have sworn to live and to die of love.
Strip away all pride that consumes you, heart,
Inflated by bitterness and closed to the world.
Love, and be reborn as if a flower in bloom.
When one has suffered, one must continue to suffer;
When one has loved, one must love without end.
Translation: © David Paley
August Nacht
Alfred de Musset
Muse
Seit die Sonne in jenem großen Horizont
Den Wendekreis auf ihrer brennenden Achse gekreuzt hat,
Hat das Vergnügen mich verlassen und schweigsam warte ich,
Auf die Zeit, wenn mein Liebling ruft.
Leider! Seine Behausung ist seit lange unbewohnt
Und keine Schönheit aus den alten Tagen scheint zu leben.
Einsam komme ich nochmals verschleiert,
Um meine brennende Stirn auf der offenen Tür zu lehnen,
Wie eine Witwe in Tränen am Grab ihres Kindes.
Dichter
Gruß dich meine treue Freundin!
Gruß dich mein Stolz und meine Liebe!
Das Beste und am längsten gehegt
Ist auf der Rückkehr zu finden.
Die Zeit ist gekommen,
Um Einbildung und Neid wegzufegen.
Gruß dich meine Mutter und Versorgerin!
Gruß dich! Gruß dich meine Trösterin!
Öffne dir die Arme; mit Liedern begrüße ich dich!
Muse
Warum musst Du, mit geändertem Herzen, Herz von der Hoffnung beraubt,
So oft fliehen, um so spät zurückzukehren?
Was suchst Du, wenn nicht Unglück?
Und mit dem kehrst Du zurück, wenn nicht eine Bürde?
Was machst Du fern von mir, wenn ich bis Tag hier warte?
Du folgst dem blinkenden Funke in der tiefsten Nacht.
Kein Vergnügen der Welt bleibt übrig,
Außer hoffnungsloser Verachtung unserer ehrlichen Liebe.
Dein Zimmer war leer, wann ich ankam,
Während am Balkon, beunruhigt und gedankenvoll,
Sah ich im Traum deine Gartenmauer
Und Du in Schatten eines unglücklichen Schicksals übergeben.
Eine stolze Schönheit hat dich in Ketten gebunden
Und Du lässt diesen armen Lorbeer sterben,
Dessen letzten Zweigen in vergnügenden Zeiten
Mussten mit Tränen von deinen Augen begossen.
Dieses traurige Grün ist mein Symbol des Lebens:
Aber durch deine Vergesslichkeit, mein Freund, werden wir beide sterben
Und sein schwacher Duft wie ein Vogel im Flug
Wird mit meinen Erinnerungen zum Himmel steigen.
Dichter
Als ich dem Feld überquerte,
Sah ich heute Abend auf dem Wege
Eine zitternde und verdorrende Blume;
Eine blässliche Weinrose.
In einem Strauß der grünen Knospen
Von einem Zweig an seiner Seite,
Sah ich eine neu geborene Blume;
Die neueste hatte die größere Schönheit.
Genau ist der Mensch, immer erneuert.
Muse
Leider! Immer der Mensch! Immer mit Tränen.
Immer mit Staub auf dem Fuß und schwitzender Stirn!
Immer furchtbare Schlachten und blutbefleckten Armen;
Sein Herz ein holder Betrüger, die Wunde zu tief;
Leider! Durch dem ganzen Land ist das Leben gleich;
Begehren und Reue nehmen und reichen die Hand;
Immer dieselben Schauspieler und dasselbe Stück,
Und egal, was die menschliche Hypokrise erfunden hat,
Liegt keine Wahrheit unter der menschlichen Gestalt.
Leider mein Geliebter bist Du Dichter nicht mehr.
Nichts wird deine schweigsame Lyra wiedererwecken;
Du ertränkst dein Herz in einem schimmernden Traum;
Weder weißt Du nicht, dass eine Frauenliebe sich ändert
Und in Tränen innerhalb des Reichtums deiner Seele zerfließt,
Noch, dass Gott die Tränen wichtiger als Blut betrachtet.
Dichter
Als ich durch das Tal gegangen bin,
Sang ein Vogel auf dem Nest.
Seine Brut, seine teuren Jungen
Hatten zur Nacht den Tod getroffen.
Doch hat er zur Sonne gesungen;
O, meine Muse, weine nicht.
Zu ihm, der alles verloren hat, bleibt der Gott;
Der Gott oben, die Hoffnung unten.
Muse
Und was wirst Du finden am Tag, wenn Unglück
Dich zur Familien Herde zurückzieht?
Wenn deine zitternden Hände den Staub
Von deinem armen kleinen Zimmer abwischen, dass Du vergessen wolltest,
Mit welcher Unverschämtheit wirst Du dein Zuhause eintreten,
Um einen kleinen Frieden und Gastfreundschaft zu suchen?
Eine Stimme wird da, um jede Stunde zu verlangen,
Was Du mit deinem Leben und der Freiheit getan hast.
Glaubst Du, dass man so viel wie erwünscht vergessen kann?
Glaubst Du, dass Du durch Suchen es finden wirst?
Dein Herz oder Du; welcher ist Dichter?
Es ist dein Herz und dein Herz wird nicht erwidern.
Wird tödliche Leidenschaften in den Stein umwandeln;
Du fühlst nochmals, dass die entsetzlichen Reste
Wühlen auf, als ob sie Schlangen wären.
Ach, Himmel! Wer wird dir helfen? Was werde ich selbst machen,
Wenn er, der alles tun kann, verleugnet, dass ich dich liebe;
Und wenn meine goldenen zitternden Flügel
Mich trotzdem zu dir tragen, um dich zu retten?
Armes Kind! Unsere Liebe wurde nicht überfordert,
Wann gedankenverloren im Wald von Auteuil,
Wir am Abend unter den grünen Kastanien und weißen Pappeln,
Geschlendert haben, währenddessen ich dich belastet habe.
Ach! Damals war ich jung und Nymphen und Dryaden
Erschien und zeigten mir den Weg.
Und die Tränen, die während unserer Gänge, verflossen sind
Tropften rein wie Gold in das kristallene Wasser.
Was hast Du, meine Liebe, mit den Tagen deiner Jugend getan?
Wer hat die Frucht von meinem Zauberbaum gepflückt?
Leider! Die Blühte deiner Wange hat die Göttin gefallen,
Die in den Händen die Stärke und Gesundheit trägt.
Die Tränen von deinen empfindsamen Augen sind blass;
Und wie deine Schönheit wirst Du deine Tugend verlieren.
Und wenn ich, die dich noch als Einzelfreund lieben wird,
Wenn die ärgerlichen Götter dein Genie entnehmen,
Wäre ich aus dem Himmel zu fallen, was würdest Du erwidern?
Dichter
Da der Waldvogel flattert noch und singt
Auf dem Zweig mit den aufgebrochenen Eiern im Nest;
Und die Blume auf dem Feld, wenn sie zum Tagesanbruch erwacht,
Und eine andere auf dem Rasen sieht,
Schreckt ohne Laut zurück, und stirbt mit der Nacht.
Da in den Tiefsten des Waldes unter dem grünen Blätterdach
Hört man auf dem Pfad das Knarren des toten Holzes
Und der Mensch in seiner Reise durch die unsterbliche Natur
Hat nie eine dauernde Wissenschaft gefunden,
Geht er immer weiter und immer vergesslich;
Da bis die Felsen in Staub sich umwandeln;
Da alles am Abend stirbt, um Morgen nochmals zu leben
Und dabei, das Leben an Mord und Krieg erteilt;
Und man sieht am Grabe Halme des heiligen Grases,
Die uns das Brot schenken.
O, Muse! Was bedeutet für mich das Leben oder der Tod?
Ich liebe und werde blass; ich liebe und leide;
Ich liebe und gebe mein Genie um einen Kuss;
Ich liebe und will eine endlose Quelle
Über meine geschrumpfte Wange fließen fühlen.
Ich liebe und will Freude und Trägheit besingen,
Meine tolle Leidenschaft und die Sorge des Tages
Und ich will erzählen und ohne Pause wiederholen,
Dass ich auf dem Leben mit meiner Liebhaberin verzichte,
Und schwöre von der Liebe zu leben, und zu sterben.
Wirf aller Stolz ab, dass dich verzehrt, mein Herz,
Durch Bitterkeit übersteigert und zur Welt geschlossen.
Lieb und sei neugeboren, als ob eine blühende Blume.
Wenn man gelitten hat, muss man noch leiden;
Wenn man geliebt hat, muss man auf immer lieben.
Übersetzung: © David Paley
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